Prendre pleinement sa place. Le déni du féminin tient à des raisons profondes : J’en suis une
Première partie – Pourquoi subsiste un tel déni du féminin?
L’omniprésence du masculin dans notre monde a conduit les femmes à s’adapter aux règles du masculin. Le féminin peine à prendre pleinement sa place dans ce monde là. Nos bias cognitifs ne disparaissent pas aisément dans un monde construit par et pour les hommes. La vision binaire et antagoniste du masculin et du féminin, encore en vigueur, est réductrice. Elle permet le déni de l’autre, et de soi.
Il nous est possible, en intégrant le masculin et le féminin, avec respect, en chacun d’entre nous, à leur juste place, d’atteindre en leur union parfaite un nouveau niveau de conscience et d’existence.
Je suis Femme, je le clame à corps et à cris.
Je suis passionnée, convaincue de la parité, fière d’être une femme, éblouie par le féminin, féministe dans mes viscères.
J’ai derrière moi tout un travail personnel, qui m’a animée ma vie entière, pour bousculer mes limites, les limites qui m’avaient été fixées conquérir mes territoires et revendiquer mes différences et mes droits.
Je suis femme, par mon corps, par mon âme, par le monde. Ma place de femme. Le Féminin a une place à prendre pleinement, j’en suis convaincue.
Femme, dans un monde d’hommes, j’ai conquis ma place en adoptant leurs codes virils
Dans mes métiers, on parlait de conquête de marché, d’attaquer la concurrence, de patrons, de se défoncer au travail, d’entraîner nos troupes, d’avoir les dents longues, de leur foutre la pâtée.
Femme, mise au monde dans un monde dominé par les hommes, j’ai conquis ma place en adoptant leurs codes virils au départ.
Dans ce jeu social conçu par et pour les hommes, j’ai adopté leurs codes pour y survivre. Comme un homme, à la hussarde, frontalement, en meute, puisque le monde était défini ainsi.
J’avais aussi d’autres compétences à ma disposition : d’accueil, la compréhension, la subtilité et la finesse, la créativité, entre autres.
En un premier temps, ce mélange incongru de féminin et de masculin, amplifiés et forts, m’a assez bien servie.
Plus tard, j’ai enfin calmé ce masculin exacerbé qui m’habitait.
Et en ce qui concerne le féminin, je n’ai longtemps mis en oeuvre que ces facettes faciles, perdant ainsi sa profondeur et une partie de son essence.
Heureusement retrouvées, plus loin, sur mon chemin, au fil de moments forts : l’amour, l’amitié, la maternité, l’accompagnement, l’épreuve de la perte d‘une de mes capacités.
Désormais en compagnie heureuse et libérée de mon féminin, je poursuis ma vie, mon exploration de l’existence et mon chemin. Il me semble, avec mon féminin, prendre le plus pleinement possible ma place.
J’ai encore quelques travaux d’aiguille. Laissez-moi-vous parler de ce qui me reste à dépasser.
Je me suis reniée bien plus que trois fois.
Il y a quelques jours, mon cerveau, confiné, usé par la douleur d’une chute récente, regardant une vidéo « The riddle » « l’énigme », je n’arrivais pas à trouver la réponse ! MON cerveau !
Cette vidéo, je la poste sur Facebook
L’énigme : un garçon sort de son entretien d’embauche dans une énorme boite américaine et rejoint son père dans la voiture. Son téléphone sonne, son père lui dit de répondre : c’est le CEO en personne qui appelle et dit «beau job, fiston, tu as le job ». Le garçon regarde en souriant son père dans la voiture. Comment est-ce possible ? Je ne trouve pas ce soir là la réponse. Tout comme que les 22 personnes interrogées dans la vidéo..
Mes amies et amis Facebook, toutes et tous féministes convaincus, ne trouvent pas non plus. Et en sont aussi perturbés que moi.
La réponse est que le CEO est sa mère. Bel exemple de déni inconscient du féminin.
Pourquoi ? Pilotage automatique et biais cognitifs
J’ai, comme vous, quand je ne suis pas vigilante, de bias cognitifs insidieux et ancrés profondément, c’est à dire une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité.
Dès que mon attention faillit et que reprend chez moi le pilote automatique de l’imaginaire collectif majoritaire. Un déni du féminin, même infime, même partiel. Je perds pied. Alors, tout comme moi, mon féminin perd aussi sa place.
Le déni du féminin est, en fait, un déni souvent inconscient de réalité, dans l’inconscient collectif et individuel.
Il est soutenu, en premier, par la tyrannie du langage, on parle de « l’humain, de l’homme », le langage formate la pensée avec une absence massive de références féminines.
Pèsent également sur nous, des égrégores, massifs, puissants : culture, politique, pays, religions, sociaux et économiques, histoire, etc., où la femme est soumise, mauvaise, idiote ou sorcière, en tous cas, inférieure ou subalterne.
Et ce déni est conforté par les représentions émanant de l’entourage le plus immédiat. Représentations qui valorisent majoritairement le Masculin, mais, ce faisant, le condamne aussi à la performance perpétuelle. Représentations également néfastes, bien entendu, pour le féminin, privé de sa puissance ou sur adapté aux codes masculins – A lire absolument : l’excellent Mythe de la virilité d’Olivia Gazale.
Alors, moi et mes copines Facebook, que s’est il passé ?
Nous sommes indéniablement des actrices actives de la scène économique, politique et sociale
Chez nous, le féminin est clairement assumé, intellectuellement, mentalement.
Mais l’est-il émotionnellement, charnellement, spirituellement, pleinement ? Quelle est, aujourd’hui et dans la réalité, la véritable place du féminin dans notre alignement ? Comment faire pour que le féminin prenne pleinement sa place, enfin?
A suivre…. dans le prochain article
Nadalette La Fonta
Illustration « Avoir les boules » par Sophie Giret https://www.instagram.com/sophiegiret
Merci de cette magnifique et généreuse collaboration, Sophie